C’est un paradoxe du XXIe siècle : le numérique, moteur de progrès, est aussi une source croissante de pollution. Derrière nos clics quotidiens, l’envoi d’un mail, le visionnage d’une vidéo en streaming ou l’usage des objets connectés se cache un impact environnemental souvent méconnu. Le secteur numérique, en plein essor, représenterait aujourd’hui près de 4 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde — une proportion qui tend à grimper. Cette empreinte carbone englobe tout : centres de données, consommation électrique, durée de vie courte des équipements, data centers énergivores, cycle de vie complet des terminaux… Alors, quelle est exactement la part du numérique dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre ? Et comment agir pour une vraie réduction des émissions liées à cette pollution numérique ?
Quels sont les piliers de l’empreinte carbone numérique favorisant les émissions de gaz à effet de serre dans le monde ?
L’empreinte carbone numérique ne se limite pas à la consommation d’énergie de nos ordinateurs. Elle résulte d’un ensemble de facteurs complexes, qui structurent le cycle de vie de nos outils numériques, depuis leur fabrication jusqu’à leur fin de vie.
Premier poste d’émissions : la fabrication des équipements. Elle représente à elle seule plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre numérique. Cette étape englobe l’extraction des matières premières, la production, la logistique… Autant d’étapes à fort impact environnemental numérique, surtout quand on considère la faible durée de vie des équipements.
Ensuite viennent l’utilisation et le stockage des données. Les data centers, véritables usines à serveurs, tournent en continu pour stocker nos mails, vidéos ou fichiers. Leur consommation électrique est colossale. À cela s’ajoute le poids des objets connectés, de plus en plus nombreux, qui génèrent eux aussi des émissions de gaz à effet de serre.
L’analyse du cycle de vie permet d’évaluer ces impacts environnementaux dans leur globalité. Elle est aujourd’hui indispensable pour établir un bilan carbone numérique précis, tant pour les particuliers que dans le cadre d’un bilan carbone d’entreprise.
Comprendre les sources d’émissions de gaz effet liées au numérique est essentiel pour fixer des objectifs de réduction des émissions. Et plus encore, pour repenser notre rapport à la technologie dans un monde où la réduction de l’empreinte environnementale numérique devient un impératif collectif.
Une pollution numérique invisible engendrant une forte augmentation des gaz à effet de serre dans le monde : et si on parlait de l’explosion de l’IA ?
C’est une pollution numérique invisible qui s’accélère dans l’ombre : celle générée par l’usage croissant des intelligences artificielles. Loin d’être immatériels, ces systèmes, comme ChatGPT-4, reposent sur des milliards de paramètres traités par des serveurs gourmands en énergie. Résultat : un impact carbone bien réel, souvent sous-estimé.
Chaque requête envoyée à une IA nécessite de la puissance de calcul, donc de l’électricité. Cette consommation énergétique, multipliée par des millions d’utilisateurs dans le monde, alourdit l’empreinte du numérique, déjà tirée vers le haut par la fabrication des équipements, le stockage des données et la courte durée de vie des machines.
Pour les entreprises, ce nouvel usage soulève des enjeux importants. Dans un bilan carbone d’entreprise, l’IA entre désormais dans le scope 3 : celui des émissions indirectes liées aux services numériques utilisés. Or, intégrer l’empreinte des outils numériques devient essentiel pour un bilan carbone réaliste et responsable.
Dans ce contexte, des approches comme le Green IT prennent tout leur sens. Elles visent à limiter les impacts environnementaux du secteur numérique, à optimiser la consommation énergétique, et à sensibiliser à la fabrication responsable des équipements.
L’IA, avec ses promesses, ne doit pas devenir un angle mort environnemental. Elle nous oblige à repenser la place du numérique dans notre quotidien… et à inclure ces technologies dans une vision durable du progrès.
Numérique et environnement : quelles trajectoires pour demain ?
À mesure que le numérique s’impose dans nos vies, son impact environnemental devient une question de société. Depuis les équipements personnels jusqu’aux réseaux et centres informatiques, chaque brique de cette infrastructure numérique contribue aux émissions de gaz à effet de serre (GES). Et cette contribution est loin d’être négligeable : on estime aujourd’hui que la part du numérique dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre avoisine les 4 %, et pourrait atteindre 6 à 8 % d’ici 2030 si aucune action n’est mise en place.
La pression sur les ressources est réelle. L’extraction des métaux rares pour produire ordinateurs, smartphones et serveurs participe à l’épuisement des ressources abiotiques. De plus, la courte durée de vie des équipements amplifie le problème. Pour réduire l’empreinte carbone numérique, une piste évidente, mais encore trop peu suivie est de prolonger la durée de vie des appareils et de favoriser leur réparation.
Du côté des entreprises, le numérique est souvent absent du bilan carbone ou mal estimé. Pourtant, les émissions indirectes liées aux services numériques, comme le stockage dans le cloud ou l’usage de logiciels lourds, doivent désormais être intégrées dans le bilan carbone d’entreprise via le scope 3. L’analyse du cycle de vie devient un outil incontournable pour mesurer l’empreinte environnementale numérique de bout en bout.
L’enjeu est aussi énergétique. Les réseaux et centres de données absorbent une part croissante de la consommation d’énergie primaire mondiale. Les utilisateurs de ces réseaux et centres sont souvent inconscients de l’impact réel d’un simple clic ou d’un streaming prolongé. Or, ces usages quotidiens génèrent des émissions de gaz à effet de serre importantes, renforçant l’effet de serre global.
Face à cela, les objectifs de réduction des émissions fixés par les États et les entreprises doivent intégrer le numérique et ses émissions de gaz. Il ne suffit pas de compenser : il faut anticiper, réguler, et surtout repenser les usages. Cela implique de revoir la conception des équipements, de développer des services plus sobres, et d’éduquer à un usage responsable.
L’avenir du numérique devra donc s’inscrire dans une logique d’empreinte carbone réduite et de résilience. Car au-delà de l’innovation, c’est une transformation de nos modèles numériques qui s’impose pour limiter les émissions mondiales de gaz à effet de serre et préserver notre planète.